La mine de Clairciel.

Il faisait extrêmement tôt, le soleil pointait à peine ses moustaches lumineuses par dessus les montagnes rouges de la carrière de Clairciel. Devant la mine du même nom, se tenait Archer Riska, un woltarien mauve délavé à l’expression circonspecte.

Le petit woltarien comparait une brochure touristique avec un panneau d'avertissement : L'entrée est interdite, mort violente garantie.

Haussant les épaules, il se culta sur un rocher plat et attendit patiemment qu'arrive celle qu'il avait invité cavalièrement.

Tess remonta agilement une pente ardue. Les graviers glissaient sous ses pieds nus, abîmés par les dures conditions qu'ils avaient déjà endurés.
Elle leva la tête vers le pic de la montagne. Le soleil pointait à peine, éclairant d'une lumière blafarde les alentours.
Le décor était splendide, mais la woltarienne n'avait pas le temps de s'extasier devant la nature environnante. Elle s'essuya le front d'une main, puis s'arrêta.
Elle glissa sa petite main rosée dans la poche de son vieux pantalon poussiéreux en toile. Sur un papier jauni, était écrit à la main :

Citation :

Bonjour !

Tu ne me connais sans doute pas mais on m'a parlé de toi. De réputation aventureuses, tu serais intéressée par l'exploration et la découverte. Si cette description te correspondait bien, je t'invite à me retrouver à la mine de Clairciel.

Amicalement,

Archer Riska.

Elle avait lu maintes et maintes fois le contenu de la lettre, écrite par une main inconnue. En effet, elle ne connaissait pas ce fameux Archer, mais la perspective de partir à l'aventure avec un inconnu l'excitait. Elle tortilla ses moustaches d'une main, pensive.
Puis, Tess se secoua, rangea la lettre après l'avoir soigneusement pliée, et se remis en route.
Il lui fallu peu de temps pour atteindre la carrière. Elle scruta les environs.
Diantre ! Ses yeux lui jouaient des tours. Elle sauta de roches en roches, agilement, pour se rapprocher de l'entrée de la mine.

A la lumière du jour levant, elle aperçu, pointé sur un rocher plat, une petite tache mauve. Ce devait être le fameux Archer. Elle contourna un gros amas de pierre, et se retrouva derrière le woltarien.

- Tu dois être Archer. Je me trompe ?

Elle le fixait, les mains sur les hanches, un petit sourire satisfait fixé sur ses lèvres.

Perdu dans ses pensées. Archer sursauta violemment et s'étala comme une crêpe sur le sol poussiéreux. Assis sur les fesses mais souriant, il tendit dignement sa main en direction de la haute woltarienne rose.

Archer ! Comme Ar-cheure et pas Ar-ché ou Ar-cheuh. Les Véséniens ont une accent déplorable Ajouta-t-il avec celui des hauts quartiers setiens. J'imagine que tu es Tess. C'est marrant, je t'imaginais verte. Enfin, passons !

Voici la mine de Clairciel. Dit-il en désignant l'entrée semi-barricadée dans la falaise. D'après le guide, ce serait une de ces mines visitable grâce à son remarquable état de conservation mais que personne ne va jamais voir car perdu dans la camp... euh... désert ?

En le voyant s'étaler sur le sol, Tess ne pût réprimer un petit rire. Satisfaite de son petit effet, elle lui serra vigoureusement la main. Elle fût surprise, car contrairement à ce qu'elle aurait pût penser, le jeune woltarien avait les doigts fins.

Elle ignora sa remarque sur l'accent Vésénien. Elle-même le possédait, ayant vécu depuis toujours ici, dans les collines et déserts de Vésén.

Elle sourit devant l'explication brève du woltarien mauve sur la mine.

- T'inquiète, je connais. Bon, on y va ou on reste là à se taper la causette Ar-ché ?

Elle lui tira la langue, farouche. Ca lui apprendra à se moquer de l'accent de sa ville natale !
Tess sauta du rocher agilement, et atterrit, accroupie sur le sol. Elle se releva et s'épousseta.

- Allez ! Je t'attends !

Feulant comme un chaton, Archer se releva d'un bond.

Aaaaaarrcheeur !

Il la laissa entrer en premier puisque l'entrée était étroite, ensuite ils purent marcher ensemble de front. Le tunnel était haut et large, les parois retenues par de solides poutres étaient d'un rouge parfois pourpre, parfois carmin. Très rapidement, ils durent sortir les lampes torches.

Est-ce que tu sais pourquoi ça s'appelle Clairciel ?

Le tunnel s'engouffrait dans les profondeurs. Leurs torches dégageaient une lumière vive, laissant cependant des ombres inquiétantes se profiler le long des parois creusés à même la pierre. Aucun des deux acolytes ne parlaient, ce qui augmentait d'un ton l'ambiance lugubre qui régnait.
Soudainement, le woltarien mauve brisa ce silence.

- Est-ce que tu sais pourquoi ça s'appelle Clairciel ?

Tess inspira, et ferma les yeux, histoire de mieux réfléchir. Question mythes et histoires de Vésén, elle était calée. Seulement, il lui fallait rechercher dans la bibliothèque qu'était sa tête la bonne légende.

- Clairciel, murmura t'elle, oui je sais. Il s'agit d'une vieille histoire que l'on raconte aux touristes du coin pour les effrayer. Cependant, personne n'est sûr que l'histoire est bien réelle. Enfin, coupons court. Tout commence lorsque Jim Horg, un vieux woltarien se décide à explorer cette mine. Autrefois, on la jugeait hantée, et personne, non diable personne n'osait s'y aventurer. Nombreux furent ceux qui lui déconseillèrent, mais ce vieux Jim, têtu comme une mule les ignora. Personne ne sait exactement ce qui est arrivé dans cette affreuse mine, mais un beau jour, un touriste un peu trop aventureux est passé devant la mine, et s'est retrouvé nez à nez avec la tête de Jim Horg, pendue par une corde, les yeux crevés. A l'aide d'une poudre ocre, quelqu'un avait écris en dessous : "La dernière chose que j'ai pût voir, c'est le ciel clair. "

Elle esquissa un petit sourire. Très souvent cette histoire glauque faisait son effet auprès des jeunes.

Archer haussa un sourcil interrogateur.

Ah ? Décidément l'office de tourisme a décidé de taper dans le marketing plutôt que dans le sensationnel. On m'a parlé d'une histoire de réverbération minime de la lumière solaire par ce rouge si particulier. Qu'absorbant un maximum de rayons infrarouges, le sol et l'air chauffent, cet air chaud monte et disperse les nuages qui sont emportés par les vents au sommet des collines. Ainsi, le ciel est toujours clair au dessus de la carrière. Si je ressors en un seul morceau, j'irais leur faire corriger leur tablette. Bah ! Ils m'ont fait le même coup avec leur satané brochure. Rien à voir entre ce qu'ils racontent et le panneau à l'entrée.

Il sourit et montra à Tess le paragraphe du dépliant à propos de la mine.

Citation :

Ancienne mine désaffectée de carminèle, cette pierre d'un rouge si profond duquel on taillait les briques au siècle dernier. Cette pierre avait la propriété de bien garder la chaleur, mais suite au réchauffement climatique soudain, les habitants passèrent à la albionne, une pierre blanche aux propriétés réverbératrice importantes ! (cf paragraphe sur la carrière de Soirétoile) Venez visiter la mine de Clairciel en excellent état et laissée telle qu'aux exploitation de nos grands-pères !

Et en plus c'est mal écrit. Critiqua-t-il."Réverbératrice" ? Ils nous prennent pour des touristes ou quoi ?

Tess leva les yeux au ciel, et soupira légèrement agacée par l'esprit critique de l'autre là.
Pour qui se prenait il. Enfin, bon, personne n'est parfait.
Elle, elle était attachée à ses croyances mythiques en tout cas. Les explications scientifiques des réchauffement de l’atmosphère et tout le blabla qui s'ensuit ne l’intéressait nullement.

- Dis, tu as pris quoi pour cette exploration ?

Puis n'attendant pas la réponse de Archer, elle posa son sac à terre, soulevant un nuage de poussière ocre. Elle sortit une pioche, une torche de rechange, une gourde d'eau, un morceau de pain rassis enroulé dans une feuille de chêppe et un petit poignard.

Elle prit ce dernier, et laissa glisser son doigt rose le long de la lame aiguisée. Depuis toujours, Tess était fascinée par les armes.

Son sourire s'élargit encore plus alors qu'il constatait que ses pics faisaient mouches mais se flétrit quand elle sortit son poignard. Il décida d'être sage dorénavant.

Habituellement j'ai tout sur moi mais là j'ai fait du stockage intensid dans un grand sac, sinon ça allait prendre la poussière.

Descendant de ses épaules le sac à dos sombre, il en montra le contenu : un bouteille d'eau, un désinfectant et des bandages, des fruits secs, une petite arbalète automatique avec carreaux assortis, une pioche en acier et un appareil photo monstrueux.

J'ai aussi ça, en cas d'urgence.

Se retournant, il remonta son T-shirt pour dénuder son dos et montrer le fourreau contenant la dague qui lui faisait office d'épée. Lame dont le manque n'atteignait pas tout à fait sa nuque.

Elle apprécia la vue de la dague attachée fermement au dos de Archer. Elle se tortilla les moustaches, pensive, imaginant un duel d'armes entre eux. Elle sourit pour elle même, puis reporta son attention sur son coéquipier.

- Bien, on est parés. On y va ?

Elle prit la tête de la file, et éclaira l'obscurité sans nom du tunnel qui s'offrait à eux. La flamme brûlait vivement, et Tess sentit la chaleur qu'elle dégageait. L'envie de taquiner son partenaire la titillait.

- Allez, c'est parti. Je passe devant au cas où tu aurais trop peur.

Elle se retourna pour lui tirer la langue, farouchement. Puis elle repris sa posture initiale, étouffant un petit rire.
L'aventure semblait prometteuse.

Il ouvrit des yeux surpris, interloqué par le volte-face de Tess.

Il tira la langue en grognant.

La prochaine fois que tu passes du mode "tronchouilleuse" au mode "taquineuse", mets-moi les sous-titres s'il te plait !

L'archi-duc des néologismes lui emboîta le pas, préférant la lumière électrique d'une bonne vieille lampe-torche. Etant plus petit mais le couloir en pente, il avait à peu près la même taille qu'elle d'un point de vue tout à fait relatif. Il commenta afin d'éviter que le silence ne s'installe.

Si j'étais passé devant, tu m'aurais piétiné. Oh tiens, elle est marrante cette tache, on dirait un squelette de rat ? Ah... oui... c'est un squelette de rat. Beuuuuh...

Tess esquissa un sourire à sa remarque sur son changement d'humeur si soudain. Etant de dos, il ne pouvait pas la voir. En effet, on lui faisait souvent remarquée qu'elle était compliquée comme fille.
En un claquement de doigt elle passe des larmes au rire. Mais malgré ces sautes humeurs, elle ne perd jamais le cap, et sait pertinemment la route qu'elle se doit de suivre.

Le silence s'était installé, mais pas pour longtemps. Son acolyte semblait pour le moins bavard. Il avait de la chance de ne pas être tombé sur une tombe.
Certes Tess ne parlait pas tout le temps, mais quand elle parlait, ça claquait fort.

- Petite nature, cracha t'elle en se retournant.

Mais ce à quoi elle ne s'attendait pas, était la présence de quelque chose de mou, de puant et de pas vraiment ragoûtant. Elle sentit son pied s'enfoncer. Vivement, elle retira sa patte.

- Une crotte de Brutausore, gémit-elle

Perplexe, elle stoppa ses plaintes, et son front se plissa, signe qu'elle réfléchissait. Qu'est-ce qu'un animal de cet envergure venait faire ici ? D'habitude, ils préféraient brouter l'herbe fraîche dans les hautes montagnes.

T'sais ce qu'elle te dit la petite nature ? Grogna-t-il, piqué au vif.

Son nez se plissa et il baissa les yeux vers les pieds de Tess.

Dis-toi que c'est le bon pied. Railla-t-il en évitant son regard assassin. Ôtez-moi d'un doute chère enfant, ceci est bien le résultat d'une présence herbivore de forte taille ? Qu'est ce que ça fiche au milieu du désert dans une mine dénuée de végétation ?

Balayant le tunnel de son faisceau, il dépassa Tess et l'attendit un peu plus loin dans le couloir, le temps qu'elle se débarrasse du moelleux et de son odeur... intéressante.

Si Archer avait croisé le regard de Tess lorsqu'il lui fit sa remarque, il aurait certainement été fusillé sur place. La woltarienne décida de la boucler, et de faire durer le silence, sinon elle allait finir par commettre un crime.

Le présence de ce ... déchet, la laissait perplexe. Elle essuya sa chaussure en vieux cuir de vachaile contre une roche brute, laissant au passage une trace rougeâtre sur son soulier, et rattrapa Archer.
Désormais, c'était lui qui menait la tête de la file.

- Je t'avoue que c'est étrange. M'enfin, nous allons bien voir.

Elle ne parlait pas trop pour dissimuler sa légère inquiétude. Tout deux avancèrent dans le tunnel sans fond. Plus ils descendait dans les profondeurs de la terre, plus l'air ambiant se rafraîchissait.
Le pelage épais et rêche de Tess la protégeait du froid, mais elle doutait que ce soit le cas de son partenaire, qui lui semblait issu de la bourgeoisie Setienne, à en juger son accent.

Soudainement, un craquement retentit.

Le fils de bourge avait "hérité" du cuir épais de son père jardinier, habitué à crapahuter à pas d'heure dans de la boue congeler pour sauver des pieds de navet, il trouvait l'atmosphère de la grotte rafraîchissante. Surtout comparé à l'après-midi cuisant de la veille.

Il écouta les échos de la grotte ne cherchant, pour une fois, pas à briser le silence. Cela faisait longtemps qu'il n'avait pas exploré une grotte. Soudain, un bruit n'ayant rien à voir avec la sonorité des grottes le fit sursauter.

Il braqua sa lampe vers le plafond. Là, dissimulé dans l'obscurité, une sorte de fauve feula et bondit du nid de racines sèches depuis lequel il les guettait. Archer dégaina sa dague mais le félin s'était déjà enfui dans la galerie.

On le poursuit ou on le laisse filer ? J'sais pas ce que c'était mais j'suis même pas sûr que ça fasse une descente de lit correct.

Le craquement retentit une nouvelle fois, et un fauve feula à leur arrivée. Puis il déguerpit dans le tunnel.

Tess intima à Archer de ranger sa dague. A première vue, cet animal lui semblait être un ocelion
Ses croyances la poussait à n'attaquer ces bêtes que dans des cas extrêmes.

- Ne le tue surtout pas. Il est un modèle de persévérance et de détermination dans les croyances Véséennes. Le toucher serais porter offense au dieu Virtoadela.

En effet, il est raconté que le dieu Virtoadela est représenté par le motif de l'ocelion sur la porte du Soleil de l'antique cité de Guevara. Ayant été élevée dans toutes ses légendes et autres mythes de Vésén, Tess croyait dur comme fer à ces croyances.

Elle s'approcha d'un pas, dégainant son poignard.

- Continuons, mais reste sur tes gardes.

Elle se retourna, faisant face à Archer.

- Et surtout, n'oublies pas. Touche le uniquement en cas de danger extrême.

Il hocha la tête, touché par la conviction de la woltarienne.

Okay. Mais moi je préfère les felixiens : ça a six pattes, c'est petit, soyeux, ça change de couleur et ça risque pas de t'arracher une patte.

Suite à ce commentaire à la gloire des félins de compagnie setiens qu'affectionnait sa famille, ils poursuivirent leur ascension... vers le bas. Devant se raccrocher aux racines et rochers pour ne pas descendre plus vite que prévu, Archer dut ranger sa lame et consacrer chacun de ses bras à se retenir.

Je sais pas combien de temps ça compte descendre encore mais remarques, si tu glisses dans le bon sens, tu gagnes une demi-heure d'un coup.

Ils arrivèrent enfin en bas. Des rails rouillés partaient dans tous les sens, différentes galeries s'offraient à eux. Archer lui lança un regard interrogateur.

Je suggère de choisir une direction et de toujours tourné dans la même, ainsi on retrouvera plus facilement notre chemin si on se perdait. Qu'en dis-tu ?

Tess leva les yeux au ciel. Si il était si bien à Setia qu'il y reste.

La descente pentue qui s'ensuivit leur demandèrent un effort physique intense. Deux ou trois fois la woltarienne dérapa, manquant de s'étaler par terre. A chaque fois, elle réussissait à se rattraper de justesse aux nombreuses racines qui dépassaient.

Lorsqu'ils arrivèrent sur un terrain plus plat, un immense labyrinthe s'offrit à eux. De longs tunnels sinueux partaient dans tout les sens. Tess se sentit toute petite face à cette immensité de possibilité.
Des rails rouillés par le temps semblaient attendre qu'ils se décident.
Elle se tortilla les moustaches d'une main, pensive.


- Je suggère de choisir une direction et de toujours tourné dans la même, ainsi on retrouvera plus facilement notre chemin si on se perdait. Qu'en dis-tu ?

Elle acquiesça en silence. C'était une excellente idée. D'un signe de tête, elle lui montra la galerie en face. Ils s'y aventurèrent, tout en restant sur leurs gardes.

- Nous n'avons qu'à tourner tout le temps à droite. Ça te convient ?

Dans la culture Véséenne, la droite était symbole de chance et de fortune.

Dans la culture setienne, la droite c'était la sortie du métro.

C'est parfait.

Ils entrèrent donc dans le tunnel de droite.

Un instant !

Il dégaina sa dague et fit une entaille bien propre dans le mur friable, à l'entrée du souterrain qu'ils s'apprêtaient à emprunter.

Trop de prudence n'a jamais tué personne.

Puis, ils longèrent le boyau qui devint de plus en plus étroit. Bientôt ils durent marcher l'une derrière l'autre pour ne pas se heurter. Archer s'apprêtait à râler après avoir faillit trébucher sur les rails mais se tut.

Tu entends ce bruissement ? On dirait... de l'eau ?

Tess approuvait la prudence de son acolyte. Même si ce n'étais pas dans sa nature d'être aussi soigneuse et prudente lors de ses escapades, être accompagnée de quelqu'un qui prenait des préventions la rassurait un peu.

- Tu entends ce bruissement ? On dirait ... de l'eau ?

Sa vue n'était peut-être pas parfaite, mais l'ouïe de Tess était très développé elle par contre.
Elle tendit donc l'oreille, et en effet un bruit atteignit son tympan. En écoutant plus précisément, il s'avéra qu'il s'agissait d'une cascade.

- J'ai la forte impression qu'on va se retrouver a côté d'une cascade.

Ils continuèrent leur chemin. La route finissait par devenir monotone. Toujours à droite, toujours à droite, toujours à droite.
A force de raser le long tunnel, ils atterrirent sur une sorte de "clairière" en terre rouge ocre. Un amas de roches brutes était entassé dans un coin. La voûte était très haute. Des racines perçaient le plafond, et retombaient tel de longues lianes.

Tess contourna l'amas de pierre, sautant agilement pour atteindre le sommet. De son pied d'estale, elle interpella Archer, tout sourire.

- Viens voir Archer ! J'avais raison, on est tombés sur une cascade.

En effet, une source d'eau claire jaillissait du tas de roches.

Entendant Tess l'appeler, il sauta sur un rocher pour la rejoindre. Au rocher suivant, il glissa sur une flaque, dérapa et dévala l'autre côté de la pente. Il atterrit dans l'eau tête la première. Il se releva en crachotant, du liquide jusqu'à la taille.

Oui, ahem. Je vois ça. Hé, mais c'est qu'elle est bonne en plus. Y'a une source dans le coin ? Il barbota dans l'eau tiède en examinant la voûte pourpre arrondie du plafond.

Beaucoup plus haut que les souterrains préalablement explorés, il supposa que l'eau s'infiltrait ici les jours de fortes averses et creusaient la roche friable.

J'aimerais pas être là un jour d'orage. Hé mais, si c'est de l'eau de pluie, pourquoi serait-elle chaude ?

Il se tourna vers Tess, sincèrement perplexe.

Tess se mit à rire quand le woltarien exécuta une roulade, avant de finir la tête la première dans l'eau.
Elle se dépêcha de le rejoindre. Ses habits étaient trempés, et lui collaient au corps.

Elle barbota dans l'eau tiède, savourant le plaisir aquatique. L'eau ondulait, des vagues se formaient à cause de ses mouvements. Hilare, elle jeta un peu d'eau sur Archer. Mais lui semblait plutôt préoccupé par l'aspect scientifique de la chose.

- J'aimerais pas être là un jour d'orage. Hé mais, si c'est de l'eau de pluie, pourquoi serait-elle chaude ?

Elle lui tira la langue.

- Allez, viens t'amuser. On s'en fiche de ça !

L'eau la faisait retomber en enfance. Elle oubliait le félin sauvage, les soucis de la vie et tout ce qui s'en suivait.

Son esprit continuant à tourner dans le vide, il hocha la tête et nagea. Dans certains creux de la roche, il n'avait même pas pied.

Heureusement que le sol est tout lisse ! C'est marrant de voir que partout où l'eau est passée, les roches sont presque douces à caresser. Oh, un galet ? Il est mimi, je vais le ramener à Malice. Bavardant à toute allure, il mit le galet dans son sac. Heureusement que je n'ai pas besoin de sécher mon armure, elle est inoxydable. Mais euh, tu vas pas avoir froid ? Y'a des courants d'airs dans ces tunnels.

Lorsqu'elle entendit ce prénom inconnu, Tess tilta.

- Malice ? Ta petite amie ?

N'attendant pas sa réponse, elle le coula et sortit rapidement de l'eau, se calant sur une roche à la forme particulière. De là-haut, elle lui fit un petit signe de la main et lui tira la langue, taquine.

A sa question, elle secoua la tête. Elle avait l'habitude d'affronter les froids les plus terribles. Puis elle se releva soudainement, se secoua, égouttant ses moustaches et tendit la main vers les tunnels.

- Bon, on va où maintenant ?

- Malice ? Ta petite amie ?

Il écarquilla les yeux, surpris qu'on puisse penser ça.

M-m-mais-mais pas d-du tout ! C'est ma soeur, enfin presque. Bref? C'est pas important.

Il rougit en pensant à l'autre, son autre.
Il escalada la mini-montagne rouge, dérapa mais parvint à se redresser. Prudemment, il descendit sur le sol plat.

- Bon, on va où maintenant ?

Il prit quelques photos des lieux avant de répondre.

Bon alors on vient de par là. Alors on va par là.

Il fit une autre encoche et prit la direction de droite. Ces souterrains n'avaient-ils donc pas de fin ?

Tiens, on n'a pas revu notre amie la peluche sacrée. Ne put-il s'empêcher de chambrer le woltarien mauve. Elle est partie découper du brutausore avec ses copines ?